" Qui est mon prochain" ? demande un docteur de la loi à Jésus ? Au temps de Jésus, les interprètes de la loi étaient arrivés à rétrécir le cercle du prochain jusqu'à le limiter aux seuls frères de race et de religion. Ce légiste veut avoir des assurances et des indications catégoriques, car il se croit juste et Jésus va répondre en racontant une histoire.
Et comme toute parabole; comme toute histoire de jésus, elle a quelque chose de très important à nous dire, et tous les détails sont orientés vers cette chose. Regardez le prêtre, il passe à côté de ce blessé, il ne peut pas le toucher car selon la loi, il serait inapte au service du temple; de même le lévite, homme de religion, de liturgie…Et c'est un samaritain que les juifs considéraient comme un hérétique détestable qui s'approche du blessé. Et lui le samaritain, l'étranger, celui qui finalement aurait plus de raison de passer outre, il souffre avec lui et ne se contente pas de quelques soins de première nécessité, mais il soigne et fait vraiment soigner le blessé. Il s'engage vraiment sans se demander si le blessé est un frère de sang, s'il est juif, compatriote, ami ou ennemi. Pour lui, c'est tout simplement un homme en difficulté. Non, il ne suffit pas de savoir par cœur, la loi d’amour, il faut y mettre tout son cœur.
Et alors la chose importante de la parabole, vous la comprenez ! Elle est dans la question de Jésus " Lequel des trois a ton avis a été le prochain de l'homme blessé " ? jésus renverse alors la question du docteur de la loi " qui est mon prochain ? " jésus dit " lequel a été le prochain.."Pour Jésus ton prochain c’est celui dont tu te rends proche Celui dont on va à la rencontre. Voilà la chose importante…En effet le prochain ce n’est pas seulement celui qui m’est proche, celui qui a les mêmes idées que moi, « mais celui qui me tombe dessus »et qui vient bien souvent me déranger
Six ans jour pour jour après son déplacement à Lampedusa, le premier voyage de son pontificat, le pape François n’entend pas se taire sur la situation des migrants. Lundi dernier il a célébré une messe où il a prié pour les victimes des naufragés en mer Méditerranée , pour les secouristes et pour que le courage de la vérité et le respect pour chaque vie humaine croissent en chacun de nous. Même s’il rencontre une franche hostilité dans les réseaux sur chacune de ses prises de positions, même chez certains catholiques en Occident, il ne se tait pas dés lors qu’est en jeu la dignité de l’homme crée à l’image de Dieu et en lequel le Christ a choisi de s’incarner. Dans un autre domaine, cette semaine après la mort de Vincent Lambert, Le Père Thierry Magnin, très connu ici à saint Etienne, chercheur et scientifique , sans prendre parti pour un camp ou pour un autre, nous invite à relire, approfondir cet événement et affirme que notre société a besoin de se ressaisir sur les grandes valeurs éhiques dont le respect de la dignité humaine et en particulier celle des plus fragiles, sans se laisser dominer par la technique.
Sur la question des migrants, le pape, lui, nous appelle une nouvelle fois à faire preuve de solidarité. Il interpelle chacun d’entre nous : « Qui est responsable du sang de ces frères et sœurs. ? Le pape a alors invité chacun à sortir de sa bulle d’égoïsme, à ne pas être seulement préoccupé de son propre bien être mais à faire preuve de son sens de la responsabilité fraternelle. Quelle audace évangélique !
Alors qui est mon prochain ? Est il Celui de qui je me sens proche, le frère de sang, le voisin, le camarade d’école, le collègue de travail, ou celui dont je m’approche. qui est blessé par la vie, la personne seule, malade, en grande fragilité, l’étranger ? Ou encore celui qui doit m’aider, parents ou ami, celui qui est solidaire, qui s’engage avec moi ? Certainement l’un et l’autre, car ces deux visages de la parabole, celui du blessé et celui du miséricordieux sont deux visages de Dieu.
Ton prochain c’est celui dont tu te rends proche, celui que toi, tu décides d’aimer, quelles que soient les barrières, les obstacles qui se dressent devant toi.
Qui est mon prochain? Le docteur de la loi attendait une réponse de la loi. On lui a raconté une histoire. C'est que l'amour est, d'abord, une histoire, bien plus et bien avant d'être une définition : l'histoire de Dieu parmi nous faisant craquer toutes les frontières. Ce n'est pas une réponse intellectuelle seulement, c'est le grand jeu de rôle qui a commencé avec Jésus Christ et n'en finit plus. " Va, et toi aussi fais de même"
Jésus nous dit cela à nous aujourd'hui qui sommes entrés dans cette histoire, depuis notre baptême.
Aujourd’hui, d’innombrables blessés de la vie attendent de nous ce que représente pour nous le vin pour désinfecter, l’huile pour calmer la douleur, l’âne pour le transport, l’auberge pour l’accueillir, la sécurité financière pour la suite ( Pensons aux personnes malades, agées que nous visitons, celles que nous aidons, accompagnons dans leur insertion, les migrants depuis trois mois à la piscine de la Talaudière…) Alors là où nous sommes, selon notre situation, notre place à chacun , de qui avons nous à nous approcher ?
En effet ce n'est pas la loi qui sauve, ni les rites, ni les dévotions, ni même la pratique de la religion en soi, mais bien la conversion du cœur et l'amour premier servi, en un mot « le service du frère ». Alors quand nous sortirons de notre célébration eucharistique où nous aurons reconnu et reçu le Seigneur, Parole et Pain, tachons de ne pas l'ignorer, ni le fuir si nous le rencontrons cette semaine sur le bord du chemin. Amen.