Homélie 2 / 3 Septembre 2017


Vous rappelez-vous la magnifique profession de foi de Pierre dans l’évangile de dimanche dernier ? « Tu es le Christ le fils du Dieu Vivant ». Une confiance sans limite qui lui valut, en retour, de se voir confier par Jésus la responsabilité de la future Église.

Est-ce parce que Jésus pensait pouvoir compter maintenant sur ces douze, qu’il leur révèle ce qui allait arriver dans toute sa réalité, et surtout que sa mission exigerait de passer par la passion et la mort pourtant avec la résurrection du troisième jour ? Pierre ne s’accroche pas à ce troisième jour, il ne pense qu’à l’effroyable échec. Se sentant revêtu de sa nouvelle mission, il estime que son devoir est de prévenir discrètement le maître : il ne faut pas que cela arrive, lui en tout cas, foi de Pierre, y veillerait ! Très dure, ensuite, la réponse de Jésus à cette proposition.  « Passe derrière moi Satan, tu es pour moi une occasion de chute » Souvenez-vous, Jésus, c’est celui qui accueille les pécheurs, les pauvres, les petits, mais devient très sévère envers ceux et celles qui le prennent pour un Roi puissant et invincible, qui en font une idole, un faux Dieu.

Mettons-nous quand même dans la peau de Pierre et des autres : pouvaient-ils comprendre alors la renversante destinée de celui qu’ils venaient de reconnaître comme Messie, Fils de Dieu ? Car de ce Messie les apôtres, comme tous les bons juifs, attendaient bien autre chose. Celui-ci devrait venir pour libérer le peuple de tous les maux, si nécessaire prendre le pouvoir pour conduire enfin le peuple élu vers la réalisation de toutes les promesses qui, depuis des siècles, faisaient vivre Israël.

Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes…” dit Jésus à Pierre et, comme pour donner un exemple de cette façon tout autre de voir de Dieu, il enchaîne sur des conseils donnés à ceux qui veulent marcher à sa suite.
Et, alors que la discussion sur la façon de concevoir le rôle du Messie n’est peut-être pas notre tasse de thé, les recommandations qui suivent ne peuvent pas ne pas nous interpeller aujourd’hui encore, alors que nous les réentendons pour la Nième fois en cette rentrée scolaire 2017.

Si quelqu’un veut venir à ma suite…” Vous vous rappelez la suite…
Les conditions à remplir, d’après Jésus, sont tellement différentes de la pensée des hommes, différentes aussi des recommandations que nous-mêmes nous donnerions aujourd’hui à quelqu’un qui veut se lancer dans la vie pour y réussir. En effet, si nous affirmions que pour réussir il faut “renoncer à soi-même, porter sa croix…” nous nous ferions gentiment envoyer sur les roses, au mieux traiter de doux rêveurs, au pire, et avec raison, interpeller sur nos propres choix et comportements.

À propos d’interpellation, Jésus lui-même ne nous interpelle-t-il pas, lui aussi, à travers ces paroles d’évangile qui, ici et maintenant, redeviennent actualité ? Je dirais plutôt : il nous fait une proposition inhabituelle pour réussir ou plutôt, comme il dit, pour sauver, pour garder sa vie.

Notre réussite se déclinerait-elle uniquement en ambitions, fortune, notoriété, gloire, la mort. C’est dans le concret de notre vie de maintenant que Jésus nous propose un nouveau mode d’existence : une vie donnée.
Si nous nous laissons séduire par l’amour de Dieu comme l’a fait le jeune Jérémie, si nous empruntons ce difficile chemin de bonheur, si nous nous perdons dans les autres et en Dieu, si nous acceptons de nous convertir à la manière de Paul sur le chemin de Damas, ou de suivre le Christ à la manière de Saint Roch, pour aller à la rencontre des lépreux, des malades, de tous ceux et celles qui souffrent ou qui sont les pestiférés, les exclus de notre société aujourd’hui comme les demandeurs d’asile, nous ne perdons en fait rien, nous aurons déjà la certitude, au soir de notre vie, d’avoir réussi notre parcours d’ici bas.

Oui Jésus nous invite donc, dés aujourd’hui à entrer dans une autre logique que celle de la société dans laquelle nous vivons, c’est la logique de l’amour, de la compassion, du service. En nous donnant cette orientation, il rejoint au fond une expérience que nous faisons tous plus ou moins : quand on veut aimer vraiment : ça oblige à faire des choix, à vivre des renoncements C’est ce que nous allons essayer de vivre tout au long de cette l’année sur nos 2 paroisses St-Jean et Ste-Clotilde, en essayant de mieux nous connaître, mutualiser nos différents groupes et services , cela va donc induire des changements de manière de faire , voire de comportement , en un mot vivre la conversion pour mieux vivre en frères. Faire des choix, vivre des renoncements, c’est vrai, aussi dans un couple, une vie de prêtre, dans une famille, dans une amitié, dans toute relation où nous voulons mettre un peu d’amour. Et si nous vivons cela, c’est bien pour que la vie soit plus heureuse, et que l’amour soit plus grand.. C’est cette orientation que Jésus a porté jusqu’au bout…et c’est sur ce chemin qu’il nous invite à le suivre pour faire gagner la vie.

Quelle est ma croix ? quel est mon chemin ? La croix de la fidélité, celle de la patience, celle du pardon, de la réconciliation, la croix du courage de faire la vérité, de bâtir la paix et la?

Suis-je prêt à marcher avec Jésus sur ce chemin, avec ma famille, mes amis, la communauté chrétienne, les collègues de travail, les voisins du quartier, les copains tout au long de cette année scolaire ? Amen