Vous
rappelez-vous la magnifique profession de foi de Pierre dans
l’évangile de dimanche dernier ? « Tu
es le Christ le fils du Dieu Vivant ».
Une confiance sans limite qui lui valut, en retour, de se voir
confier par Jésus la responsabilité de la future Église.
Est-ce
parce que Jésus pensait pouvoir compter maintenant sur ces douze,
qu’il leur révèle ce qui allait arriver dans toute sa réalité,
et surtout que sa mission exigerait de passer par la passion et la
mort pourtant avec la résurrection du troisième jour ? Pierre
ne s’accroche pas à ce troisième jour, il ne pense qu’à
l’effroyable échec. Se sentant revêtu de sa nouvelle mission, il
estime que son devoir est de prévenir discrètement le maître :
il ne faut pas que cela arrive, lui en tout cas, foi de Pierre, y
veillerait ! Très dure, ensuite, la réponse de Jésus à cette
proposition. « Passe
derrière moi Satan, tu es pour moi une occasion de chute »
Souvenez-vous, Jésus, c’est celui qui accueille les pécheurs, les
pauvres, les petits, mais devient très sévère envers ceux et
celles qui le prennent pour un Roi puissant et invincible, qui en
font une idole, un faux Dieu.
Mettons-nous
quand même dans la peau de Pierre et des autres : pouvaient-ils
comprendre alors la renversante destinée de celui qu’ils venaient
de reconnaître comme Messie, Fils de Dieu ? Car de ce Messie
les apôtres, comme tous les bons juifs, attendaient bien autre
chose. Celui-ci devrait venir pour libérer le peuple de tous les
maux, si nécessaire prendre le pouvoir pour conduire enfin le peuple
élu vers la réalisation de toutes les promesses qui, depuis des
siècles, faisaient vivre Israël.
“Tes
pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes…”
dit Jésus à Pierre et, comme pour donner un exemple de cette façon
tout autre de voir de Dieu, il enchaîne sur des conseils donnés à
ceux qui veulent marcher à sa suite.
Et,
alors que la discussion sur la façon de concevoir le rôle du Messie
n’est peut-être pas notre tasse de thé, les recommandations qui
suivent ne peuvent pas ne pas nous interpeller aujourd’hui encore,
alors que nous les réentendons pour la Nième fois en cette rentrée
scolaire 2017.
“Si
quelqu’un veut venir à ma suite…”
Vous vous rappelez la suite…
Les
conditions à remplir, d’après Jésus, sont tellement différentes
de la pensée des hommes, différentes aussi des recommandations que
nous-mêmes nous donnerions aujourd’hui à quelqu’un qui veut se
lancer dans la vie pour y réussir. En effet, si nous affirmions que
pour réussir il faut “renoncer
à soi-même, porter sa croix…”
nous nous ferions gentiment envoyer sur les roses, au mieux traiter
de doux rêveurs, au pire, et avec raison, interpeller sur nos
propres choix et comportements.
À
propos d’interpellation, Jésus lui-même ne nous interpelle-t-il
pas, lui aussi, à travers ces paroles d’évangile qui, ici et
maintenant, redeviennent actualité ? Je dirais plutôt :
il nous fait une proposition inhabituelle pour réussir ou plutôt,
comme il dit, pour
sauver, pour garder sa vie.
Notre
réussite se déclinerait-elle uniquement en ambitions, fortune,
notoriété, gloire, la mort. C’est dans le concret de notre vie de
maintenant que Jésus nous propose un nouveau mode d’existence :
une
vie donnée.
Si
nous nous laissons séduire par l’amour de Dieu comme l’a fait
le jeune Jérémie, si nous empruntons ce difficile chemin de
bonheur, si nous nous perdons dans les autres et en Dieu, si nous
acceptons de nous convertir à la manière de Paul sur le chemin de
Damas, ou de suivre le Christ à la manière de Saint Roch, pour
aller à la rencontre des lépreux, des malades, de tous ceux et
celles qui souffrent ou qui sont les pestiférés, les exclus de
notre société aujourd’hui comme les demandeurs d’asile, nous
ne perdons en fait rien, nous aurons déjà la certitude, au soir de
notre vie, d’avoir réussi notre parcours d’ici bas.
Oui
Jésus nous invite donc, dés aujourd’hui à entrer dans une autre
logique que celle de la société dans laquelle nous vivons, c’est
la logique de l’amour, de la compassion, du service. En nous
donnant cette orientation, il rejoint au fond une expérience que
nous faisons tous plus ou moins : quand on veut aimer vraiment :
ça oblige à faire des choix, à vivre des renoncements C’est ce
que nous allons essayer de vivre tout au long de cette l’année
sur nos 2 paroisses St-Jean et Ste-Clotilde, en essayant de mieux
nous connaître, mutualiser nos différents groupes et services ,
cela va donc induire des changements de manière de faire , voire de
comportement , en un mot vivre la conversion pour mieux vivre en
frères. Faire des choix, vivre des renoncements, c’est vrai, aussi
dans un couple, une vie de prêtre, dans une famille, dans une
amitié, dans toute relation où nous voulons mettre un peu d’amour.
Et si nous vivons cela, c’est bien pour que la vie soit plus
heureuse, et que l’amour soit plus grand.. C’est cette
orientation que Jésus a porté jusqu’au bout…et c’est sur ce
chemin qu’il nous invite à le suivre pour faire gagner la vie.
Quelle
est ma croix ? quel
est mon chemin ? La croix de la fidélité, celle de la
patience, celle du pardon, de la réconciliation, la croix du courage
de faire la vérité, de bâtir la paix et la?
Suis-je
prêt à marcher avec Jésus sur ce chemin, avec ma famille, mes
amis, la communauté chrétienne, les collègues de travail, les
voisins du quartier, les copains tout au long de cette année
scolaire ? Amen