Un feu ! Voilà comment les
chrétiens ouvrent la célébration de la veillée de Pâques !
D’année en année nous nous rassemblons au début de la nuit et
allumons un feu… Allumer un feu … drôle d’idée ?
Peut-être pas. C’est vrai pour beaucoup, le feu évoque
malheureusement souvent drames et malheurs : incendies, feu de
bombes, des actes de violence, et nous pensons bien sûr à ce feu
qui a endommagé la cathédrale Notre Dame de Paris. Pourtant, sous
peine de passer pour de grands naïfs ou de doux rêveurs, gentils
et inoffensifs, nous continuons à « allumer
le feu » et
croire à ce qui pour le monde semble impossible … Vivre en
fraternité …
En voyant ce feu qui a endommagé la
cathédrale Notre Dame de Paris, j’ai pensé à notre Église bien
endommagée par les scandales sur la pédophilie et les abus de
pouvoirs de ses responsables. Il y a de quoi se poser des questions.
Comment en est-on arrivé là ? Que pouvons-nous faire ?
Nous sommes l’Église, elle est en feu.
Alors j’ai pensé à la conversion
de François d’Assise devant la croix de Saint Damien. Par trois
fois Jésus crucifié lui dit « Va François et répare mon
église en ruine »L’état de délabrement de cette petite
église était le symbole de la situation dramatique de l’Église
elle-même à cette époque qui s’était installé dans la
richesse, avait oublié les pauvres, avec un clergé peu
missionnaire, avec un refroidissement de l’amour….Et François va
fonder des fraternités avec les pauvres pour vivre et annoncer l’Évangile…Il ira jusqu’en Égypte rencontrer le sultan musulman
et visiter la terre sainte avec comme seul bagage l’Amour. .
Ce soir, nous sommes venus avec
tout ce que nous portons, nos questions, nos doutes, avec nos côtés
lumineux et nos faces sombres, avec les ombres et lumières de notre
société, de notre Église, de notre famille... Nous sommes là aussi
avec vous Lorelei et Andréa qui allés être baptisés, un choix
que vous avez mûrement réfléchi avec votre équipe
d’accompagnement qui va vous inviter à vivre d’une vie nouvelle
et à continuer le chemin avec un certain Jésus Un cadeau stimulant
pour chacun et pour notre communauté.
Comme Marie Madeleine, Jeanne et
Marie, mère de Jacques, les premiers témoins de la résurrection,
acceptons ce soir de nous laisser surprendre, bouleversés
retournés par cette parole. Ne
soyez pas effrayés, vous cherchez Jésus de Nazareth, il est
ressuscité… Rappelez- vous ce qu’il a dit quand il était
encore en Galilée.
Devant le tombeau vide, ces femmes
sont invitées à faire
mémoire de leur
rencontre avec Jésus, de ses paroles, de ses gestes, de sa vie… se
souvenir avec amour de
l’expérience vécue avec lui…alors elles le revoient quelques
semaines avant en Galilée annonçant un monde d’amour, invitant
les femmes et les hommes à s’accueillir dans leurs différences et
à vivre ensemble. Jésus fréquentait large, il fréquentait les
enfants, les pécheurs, il redonnait place à ceux qu’on
rejetait parce que malades, pauvres ou étrangers. Avec lui Dieu
paraissait si proche, tellement Père de tous.
« Faire
mémoire »,
n’est-ce pas rendre présent aujourd’hui « se
souvenir avec
amour de
l’expérience vécue avec lui ». C’est ce que font les
femmes au tombeau et qui va briser leur peur, et les envoyer porter
l’annonce de la résurrection aux apôtres et à tous les autres.
Ce tombeau vide est rempli de la présence de Dieu, de la joie, de
la lumière et d’une folle espérance!
« Aujourd’hui pour
accueillir une telle espérance, il faut prendre le temps de se
poser, savoir faire le vide autour de soi et en soi. C’est ainsi
seulement qu’on entre dans l’amour de Dieu »
Là où on voyait des gestes normaux
, on découvre une recherche de vérité, là où on voyait des
attitudes banales, seulement des fragilités, on découvre des
merveilles, là où on avait rien entendu on discerne des appels .Là
où on ne voyait que la mort on discerne des liens plus fort que
tout, ,ça se passe dans un échange, en couple ou à plusieurs, dans
des moments forts de préparation de son baptême, de sa communion ,
ça se passe dans la prière , l’Eucharistie ou quand nous nous
retrouvons autour de l’Évangile, et que Jésus nous invite à
prendre à bras le corps la réalité, à choisir la vie, retrouver
l’espérance , servir la fraternité.
La Bonne Nouvelle de la résurrection
n’est pas une lumière qui éblouit. C’est une petite lumière,
comme celle du cierge pascal, qui commence à luire discrètement
pour se communiquer de main en main jusqu’à éclairer l’église,
embraser le monde, mais pas sans nous, contre notre volonté.
Jésus ressuscité ne s’impose
pas. Il a le visage de chaque être humain que nous rencontrons…Quand
est ce que nous t’avons vu ? Tu avais donc faim, soif, tu
étais nu, malade, étranger, en prison ? Chaque fois que tu
l’as fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à
moi que tu l’as fait répond- il…
La résurrection de Jésus est tout
l’inverse d’une évasion facile au quotidien : elle éclaire
de l’intérieur l’ordinaire des jours. Elle nous amène à
chercher comment mieux aimer celles et ceux qui partagent notre
vie, notre maison commune, à commencer par les membres de notre
famille et aller aux périphéries.
Rappelez- vous ce qu’il vous a
dit quand il était encore en Galilée…
Galilée aujourd’hui
de nos quartiers, de nos lieux de vies, de nos cités, là où se
joue les défis de la vie, le travail, le logement, l’éducation,
l’écologie la santé ..Sur le terrain du vivre ensemble, du
service du bien commun, du frère, les amis du ressuscité sont
attendus pour devenir semeurs de solidarité
Galilée aujourd’hui
, pour continuer à tisser ensemble des communautés fraternelles et
ainsi à la lumière d’un François d’Assise retrouver la
confiance pour à notre tour réparer, rebâtir notre Église.
Puissions-nous en ce temps de Pâques
continuer à allumer le
feu de l’amour Alors,
avec ces 5000 catéchumènes baptisés cette nuit de Pâques, avec
tous les baptisés d’hier et de longtemps, avec vous Lorelei et
Andréa qui vont être baptisés dans un instant, avec Baptiste,
Elise, Kevyn , Maelle qui fêtez votre communion, avec vous tous,
comme ces femmes au matin de Pâques, je pourrai dire en vous voyant,
« oui » il est
vraiment ressuscité, il vit en vous.
Amen
.