Homélie Marthe et Marie

    Le Christ est déconcertant, souvenez vous dimanche dernier dans la parabole du Bon Samaritain, il nous invitait à nous faire proche de tout homme rencontré, à agir pour avoir la vie éternelle.
Aujourd'hui dans l’Évangile, il approuve celle qui ne fait rien et qui se contente de l'écouter!
On serait en droit de lui demander d'être un peu plus logique, ou du moins pourquoi il semble ainsi se contredire.

    Voici en effet, Marthe qui fait tout son possible pour bien recevoir Jésus et qui réagit contre sa sœur qui se contente d'être au pieds de Jésus pour l'écouter, sans se préoccuper de tout ce qu'il y a à faire pour bien l'accueillir…Et voilà que Jésus prend parti pour Marie, en affirmant qu'elle a choisi la meilleure part!
    Cette réaction de Jésus nous étonne peut être. Du moins on se dit en soi même " heureusement que tout le monde ne fait pas comme Marie..Et pourtant...

-Quelle mère de famille qui travaille, ou qui à longueur du jour porte souvent le souci du quotidien, du ménage, des enfants n'exprime pas le désir de souffler un peu, ne serait ce que pour se reposer…
- Quelle personne engagée dans des responsabilités, ne souhaite pas avoir un peu de repos pour prendre un peu de recul, comme on dit.
- Quel travailleur n'aspire pas aux congés ? Quelle personne quelle quel soit n’aspire t- elle  pas aux vacances,  partir  ailleurs pour se refaire des forces, vivre autrement ?

    Embarqués dans une vie intense qui est le lot quotidien de beaucoup aujourd’hui,   accaparés par les soucis, les problèmes, les responsabilités nous portons tous en nous cette aspiration à nous arrêter pour souffler, pour nous recréer, redevenir soi même. Cette aspiration montre bien que nous ne sommes pas faits que pour les activités, que pour le travail même pour gagner plus. Nous sommes faits aussi pour dialoguer, pour rencontrer les autres en profondeur, et cela exige, je pense du temps pour s'écouter, se comprendre.

Ne serait ce pas d'abord cela que le Christ veut souligner dans cette page d'Evangile ?
Nous dire que notre vie a d'autres dimensions, d'autres aspects que le travail, l'activité. Il veut nous faire comprendre que la réussite de notre vie humaine, et à plus forte raison de notre vie chrétienne ne dépend pas seulement de toutes les activités que nous déployons.
Ce qui ne veut pas dire bien sur que nous devons rester passif,  ou que nous n'avons pas à agir, nous faire proche des autres, de ceux qui sont blessés par la vie. En effet il n'y a pas d'un côté ceux qui agissent, se bougent pour et avec  les autres, et de l'autre ceux qui prient.
Alors, je ne crois pas que Jésus se contredit dans ses paroles de l'évangile de dimanche dernier et de celui d'aujourd'hui. Il nous invite au contraire à vivre cette complémentarité de l'action et de la prière, plus que cela il veut nous dire que prier et agir, servir les autres sont indissociables. Un Chrétien n’a t- il pas dans une main la source, l’Évangile et dans l’autre le  service du frère.
Enfin, les  paroles de Jésus nous disent aussi  que si nous ne voulons pas tomber dans l'activisme ou vivre d'une manière superficielle, à la surface des choses, ces temps d'arrêt, de recueillement, d'écoute de la Parole de Dieu sont indispensables, essentiels pour notre vie.
Oui, ces temps d'arrêt, sont essentiels pour mieux vivre l’accueil, l’ouverture aux autres, en particulier des  plus fragiles , le dialogue avec les croyants d’autres religions en un mot  le  service du frère.
En partageant avec des amis qui sont mariés, je perçois que l'amour dans un couple ne se construit pas qu'à partir de ce qu'on fait l'un pour l'autre ou l'un avec l'autre. L'amour s'exprime aussi par des moments de dialogue, de partage, d'écoute et peut être même de silence. Je pense que c'est aussi essentiel pour le ministère d'un prêtre ; d'un diacre ou d’un( d’une ) personne célibataire…..

    En effet la réussite de notre vie chrétienne dépend aussi de ce que l'on pourrait appeler cette " dimension de profondeur "  «  d’intériorité » que Jésus souligne aujourd'hui. D'ailleurs il y a dans le monde et dans l’Église des personnes qui nous rappellent sans cesse cette dimension. Pensons à tous les malades qui ne peuvent plus faire aucune activité extérieure, pensons à tous ceux et celles qui sont empêchés d'une façon ou d'une autre d'avoir une activité apostolique. Pensons à tous les contemplatifs, les contemplatives qui consacrent leur vie à l'offrande et à la prière.. Croyons nous que leur vie est inutile ?
Toutes  ces personnes, nous invitent elles pas au contraire, au cœur de nos activités, de notre vie de tous les jours, à vivre cette dimension de profondeur ?

    Et nous en ce temps de l’été , est ce que nous acceptons de nous arrêter pour accueillir ce silence de Dieu, pour écouter le Christ nous parler au cœur de notre vie quotidienne, au cœur de ces événements,  à travers la rencontre des autres, du mari, de l’épouse,  des enfants, des petits enfants, dans le dialogue, la lecture, la prière, relire notre année pastorale, simplement avec les bulletins paroissiaux depuis septembre  «  en chemin vers une seule paroisse » je l’ai fait…Vous verrez c’ est très encourageant pour nous tourner vers l’avenir et entrer dans cette année de la mission qui nous emmènera peut être là où nous n’avons pas penser aller.

    J'ai envie pour terminer de vous poser cette question, comment faites vous, quelle est votre manière d'accueillir le silence de Dieu ?
Alors, si cette semaine, nous prenons un peu de temps d'écouter, d'accueillir ce silence de Dieu, le service du frère,  les activités, les gestes de notre vie quotidienne pourront être vécus comme une réponse à l'appel du Seigneur.
Alors, si vous le voulez bien, essayons…..