Alors
que le pape François, après six jours de voyage en Colombie n’
aura cessé de souligner le lien entre la justice sociale, le respect
de la vie et la lutte contre la violence pour aller sur un chemin de
réconciliation et bâtir une paix durable les lectures de ce
dimanche nous parlent du pardon....Comment
et pourquoi pardonner?
Voilà
une question éternelle...car pardonner à quelqu'un n'est jamais
évident.... Pardonner ça veut dire délier, décharger, enlever un
poids, enlève le poids qui pèse sur ton frère… on dirait
aujourd'hui « lâcher les baskets... ». Si tu soulages
ton frère, alors tu seras soulagé... Si tu pardonnes alors tu seras
pardonné... nous dit la prière du Notre Père. Nous ne sommes plus
dans le cercle infernal de la violence, de la vengeance, où pour un
problème de clôture, de terrain, d’ affaires d’héritage, des
gens disent « il est des choses et qu’on n’oubliera
jamais » ; mais nous sommes, au contraire, invités à
entrer dans une tout autre dynamique : celle
de l’amour… Ce
qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas des actes irréparables :
quand ils atteignent les personnes dans leur intimité, dans leur
dignité ils sont bien sur très difficiles à pardonner.
Et
dans l'Evangile que nous venons d'entendre, Pierre demande à Jésus
combien de
fois dois-je
pardonner? Et il
pensait être généreux en disant 7 fois. En effet, ce chiffre sept
désigne une certaine perfection. En répondant par un multiple de 7
Jésus explique que le pardon doit être illimité....
Et
pour cela il nous raconte une parabole qui nous parle d'un serviteur
qui doit à son maitre une somme démesurée. Dix mille talents, cela
représentait 6O millions de pièces d'argent... une somme impossible
à rembourser. La démesure de la dette annulée et la folle
générosité du maitre ne sont qu'une image de notre situation par
rapport à Dieu qui nous pardonne sans compter... Et pourtant ce
serviteur à qui on remet la dette fait exactement l'inverse par
rapport à quelqu'un qui lui doit une somme d'argent dérisoire...
Et,
en voyant ce qu'il avait fait, ses amis furent profondément
attristés....
Nous
aussi, je pense, nous pouvons nous reconnaître dans ce qu'ils
ressentent. Nous sommes d'accord, je pense pour dire, qu'un tel
comportement est inadmissible. En effet, son maitre avait eu pitié
de lui, et ça n'a rien changé dans sa vie, dans son cœur. Il est
resté aussi dur à l'égard des autres...On aurait pu s'attendre à
ce que le geste du maitre permette une amitié, déclenche une
dynamique du pardon. Mais rien, son coeur reste dur. Et la suite de
l'Evangile montre que ce serviteur sans pitié s'exclut de la
dynamique de l'amour... Son attitude, l'emprisonne, au lieu de
choisir la liberté, en essayant tout simplement d’aimer.
Le
fait que ce soit l'apôtre Pierre qui pose la question à Jésus, «
Combien de fois
dois-je pardonner
? » montre bien que c’'est en tant que responsable de la
communauté chrétienne qu'il fait cette demande. C'est donc toute la
communauté qui est concernée... Et donc chacune, chacun d'entre
nous, aujourd'hui, est concerné. Cela signifie que pour Jésus
l'attitude de compassion et de pardon est essentielle pour la vie en
communauté... On peut se reprocher les fautes les uns et les autres,
pendant très longtemps, des erreurs commises qui nous enferment
dans le passé, qui font grandir la rancune et la haine et nous
empêchent d’avancer ensemble.. Nous sommes donc invités, comme
dans l'Evangile de dimanche dernier à se rencontrer, dialoguer,
être responsable
les uns des autres.
C'est
d'abord dans la vie de couple, dans la famille, avec nos amis, nos
voisins, nos collègues de travail, dans toutes nos relations y
compris dans nos communautés chrétiennes que nous sommes invités à
vivre cette dynamique de l’amour et du pardon. Bien sûr ce que
nous demande Jésus n'est pas facile, mais c'est possible.
Nous
sommes témoins, voire acteurs de pardons qui se donnent, de
réconciliations qui se vivent, de compassions qui s'expriment ou
simplement que l'on demande dans notre prière au Christ, parce que
lui-même nous a devancés sur ce chemin… Lui, Jésus, sait ce que
cela veut dire aimer, pardonner jusque sur la croix... A l’image de
son amour, Dieu pardonne infiniment, mais aussi gratuitement. Jésus
ne fait pas payer la femme adultère, ni le fils prodigue, ni Pierre,
ni ses propres bourreaux pour lesquels il demande pardon à son Père.
Et
si Jésus
aujourd'hui nous propose d'être responsable les uns les autres,
jusqu'au pardon,
c'est parce qu'il l’a vécu lui-même, jusqu’au bout, jusqu’à
la croix… C'est lui, la source à laquelle nous pouvons puiser pour
entrer
dans cette dynamique
de l'amour...
Et
si cette année nous nous appliquions davantage à vivre des
relations plus fraternelles, bien sûr dans notre vie de tous les
jours, en commençant par notre propre famille, mais aussi au sein de
nos communautés chrétiennes. En cette rentrée 2O17, au moment où
reprennent toutes nos activités, au moment où il y a des
changements dans nos paroisses Saint Jean sur Onzon et Sainte
Clotilde pour mieux nous connaître, mutualiser nos différents
groupes, en un mot pour mieux vivre la mission , encourageons nous
les uns et les autres à entrer dans cette responsabilité mutuelle
qui nous met sur le chemin de l' Ecoute, de la rencontre , de la
confiance, de la conversion, du courage de faire la vérité peut
être jusqu’au pardon et à la réconciliation. Merci Seigneur de
nous accompagner sur ce chemin. Toi seul peux nous apprendre à
entrer dans cette
dynamique de l’amour.
Amen.