Homélie 16 / 17 Septembre 2017


Alors que le pape François, après six jours de voyage en Colombie n’ aura cessé de souligner le lien entre la justice sociale, le respect de la vie et la lutte contre la violence pour aller sur un chemin de réconciliation et bâtir une paix durable les lectures de ce dimanche nous parlent du pardon....Comment et pourquoi pardonner?
Voilà une question éternelle...car pardonner à quelqu'un n'est jamais évident.... Pardonner ça veut dire délier, décharger, enlever un poids, enlève le poids qui pèse sur ton frère… on dirait aujourd'hui « lâcher les baskets... ». Si tu soulages ton frère, alors tu seras soulagé... Si tu pardonnes alors tu seras pardonné... nous dit la prière du Notre Père. Nous ne sommes plus dans le cercle infernal de la violence, de la vengeance, où pour un problème de clôture, de terrain, d’ affaires d’héritage, des gens disent «  il est des choses et qu’on n’oubliera jamais » ; mais nous sommes, au contraire, invités à entrer dans une tout autre dynamique : celle de l’amour… Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas des actes irréparables : quand ils atteignent les personnes dans leur intimité, dans leur dignité ils sont bien sur très difficiles à pardonner.

Et dans l'Evangile que nous venons d'entendre, Pierre demande à Jésus combien de fois dois-je pardonner? Et il pensait être généreux en disant 7 fois. En effet, ce chiffre sept désigne une certaine perfection. En répondant par un multiple de 7 Jésus explique que le pardon doit être illimité....
Et pour cela il nous raconte une parabole qui nous parle d'un serviteur qui doit à son maitre une somme démesurée. Dix mille talents, cela représentait 6O millions de pièces d'argent... une somme impossible à rembourser. La démesure de la dette annulée et la folle générosité du maitre ne sont qu'une image de notre situation par rapport à Dieu qui nous pardonne sans compter... Et pourtant ce serviteur à qui on remet la dette fait exactement l'inverse par rapport à quelqu'un qui lui doit une somme d'argent dérisoire...
Et, en voyant ce qu'il avait fait, ses amis furent profondément attristés....
Nous aussi, je pense, nous pouvons nous reconnaître dans ce qu'ils ressentent. Nous sommes d'accord, je pense pour dire, qu'un tel comportement est inadmissible. En effet, son maitre avait eu pitié de lui, et ça n'a rien changé dans sa vie, dans son cœur. Il est resté aussi dur à l'égard des autres...On aurait pu s'attendre à ce que le geste du maitre permette une amitié, déclenche une dynamique du pardon. Mais rien, son coeur reste dur. Et la suite de l'Evangile montre que ce serviteur sans pitié s'exclut de la dynamique de l'amour... Son attitude, l'emprisonne, au lieu de choisir la liberté, en essayant tout simplement d’aimer.

Le fait que ce soit l'apôtre Pierre qui pose la question à Jésus, «  Combien de fois dois-je pardonner ? » montre bien que c’'est en tant que responsable de la communauté chrétienne qu'il fait cette demande. C'est donc toute la communauté qui est concernée... Et donc chacune, chacun d'entre nous, aujourd'hui, est concerné. Cela signifie que pour Jésus l'attitude de compassion et de pardon est essentielle pour la vie en communauté... On peut se reprocher les fautes les uns et les autres, pendant très longtemps, des erreurs commises qui nous enferment dans le passé, qui font grandir la rancune et la haine et nous empêchent d’avancer ensemble.. Nous sommes donc invités, comme dans l'Evangile de dimanche dernier à se rencontrer, dialoguer, être responsable les uns des autres.
C'est d'abord dans la vie de couple, dans la famille, avec nos amis, nos voisins, nos collègues de travail, dans toutes nos relations y compris dans nos communautés chrétiennes que nous sommes invités à vivre cette dynamique de l’amour et du pardon. Bien sûr ce que nous demande Jésus n'est pas facile, mais c'est possible.
Nous sommes témoins, voire acteurs de pardons qui se donnent, de réconciliations qui se vivent, de compassions qui s'expriment ou simplement que l'on demande dans notre prière au Christ, parce que lui-même nous a devancés sur ce chemin… Lui, Jésus, sait ce que cela veut dire aimer, pardonner jusque sur la croix... A l’image de son amour, Dieu pardonne infiniment, mais aussi gratuitement. Jésus ne fait pas payer la femme adultère, ni le fils prodigue, ni Pierre, ni ses propres bourreaux pour lesquels il demande pardon à son Père.

Et si Jésus aujourd'hui nous propose d'être responsable les uns les autres, jusqu'au pardon, c'est parce qu'il l’a vécu lui-même, jusqu’au bout, jusqu’à la croix… C'est lui, la source à laquelle nous pouvons puiser pour entrer dans cette dynamique de l'amour...

Et si cette année nous nous appliquions davantage à vivre des relations plus fraternelles, bien sûr dans notre vie de tous les jours, en commençant par notre propre famille, mais aussi au sein de nos communautés chrétiennes. En cette rentrée 2O17, au moment où reprennent toutes nos activités, au moment où il y a des changements dans nos paroisses Saint Jean sur Onzon et Sainte Clotilde pour mieux nous connaître, mutualiser nos différents groupes, en un mot pour mieux vivre la mission , encourageons nous les uns et les autres à entrer dans cette responsabilité mutuelle qui nous met sur le chemin de l' Ecoute, de la rencontre , de la confiance, de la conversion, du courage de faire la vérité peut être jusqu’au pardon et à la réconciliation. Merci Seigneur de nous accompagner sur ce chemin. Toi seul peux nous apprendre à entrer dans cette dynamique de l’amour. Amen.