Pourtant dans notre quotidien, lorsque nous quittons la table où des proches ou des amis nous ont invités, à la maison ou au restaurant, il n’est pas rare que ces mots nous viennent à la bouche : « la prochaine fois ce sera à mon tour »…Il nous est bien difficile d’accepter d’être invité sans nous rendre la pareille … il y a comme une gêne d’accepter la gratuité d’un don. Manque de simplicité dirions-nous. Manque d’humilité sûrement. Pourtant nous savons la joie qu’il y a à donner sans rien attendre en retour et nous avons sans doute expérimenté ce bonheur-là alimenté par le bonheur des autres, en particulier de ceux qui ne pourront jamais rendre une invitation.
Face à l’amour du Seigneur qui se donne gratuitement à nous, n’y aurait il donc pas malgré tout une bonne manière de « lui rendre la pareille. » ?
Comme nous y sommes invités chaque année le premier dimanche de septembre, nous sommes venus célébrer autour de cette chapelle Saint Roch. Nous avons fait une démarche pour confier notre année au Seigneur, et la Parole de Dieu qui nous rassemble nous invite non pas simplement à nous retrouver entre amis, proches, entre pratiquants, mais à nous tourner vers les pauvres, ceux qui sont souvent méprisés et oubliés, « ceux qui n’ont pas de quoi nous le rendre. »
Alors cette page de l’Evangile, qui nous parle d’un repas où Jésus a certainement participé dans la maison d’un chef des pharisiens n’est pas d’abord une leçon de morale, ne va pas te mettre à la dernière place, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins, les gens de ton milieu, mais invite des pauvres des aveugles, des boiteux ou ne soyez pas orgueilleux, soyez humble… Mais, une fois de plus Jésus nous révèle ici le Royaume de Dieu ! Un Royaume à l'envers de ce qui se passe dans ce repas, dans notre monde, où ce sont ceux qui ont l'argent, le pouvoir, le savoir qui ont la première place. Et pourtant pour révéler son Père, Jésus a pris la dernière place, pour que l'autre, le pauvre ait toute sa place. Celui qui sait ce que c'est qu'aimer comprend bien cela, car il sait que ce n'est pas facile de vivre à contre-courant.
Ainsi, lorsque Jésus conseille de se mettre à la dernière place sans se faire estimer selon les mérites acquis ou les honneurs auxquels nous croyons avoir droit, c'est parce que le Royaume de Dieu n'est pas un droit, c'est un don que Dieu nous fait, ce n'est pas un dû basé sur ce que nous valons… Se faire serviteur à la manière de Jésus, c'est aimer gratuitement, sans attendre de retour... Dieu nous aime tous gratuitement.
A la lecture de cet Evangile, aucun doute ni aucune explication ne peuvent affaiblir ce message si clair. Aujourd’hui et toujours « les pauvres sont les destinataires privilégiées de l’Evangile » et l’évangélisation adressé gratuitement à eux est le signe du Royaume que Jésus est venu apporter. Il faut affirmer sans détour qu’ il existe un lien indéfectible entre notre foi et les pauvres nous dit le pape François dans la joie de l’Evangile.
Pensons-y, nous qui sommes à la veille d’inaugurer notre nouvelle paroisse Sainte Cécile… Ce 29 Septembre avec la présence de notre évêque, et nous espérons être très nombreux, de toutes générations…
Depuis deux ans, avec nos différentes communautés, nous nous y sommes préparés, nous avons bousculé des habitudes pour aller à la rencontre des autres relais, d’être proche des plus petits, personnes malades, étrangers… des autres génération…
Saurons-nous comme nous y invite l’Evangile d’aujourd’hui leur donner leur première place dans nos attentions, mais aussi faire le premier pas pour l’invitation… Avec eux nous pourrons batir nos communautés à la couleur de l’Evangile. Pour qu’ils s’y sentent chez eux, les laisserons nous s’asseoir à nos tables eucharistiques ou autres, ou préférons-nous rester entre nous ? A l’exemple de saint Roch en son temps, ferons-nous de nos communautés des lieux de parole, des équipes fraternelles et accueillantes à tous qui nous aide à développer le gout de l’autre, du différent, de l’étrange, de l’étranger. Depuis Pentecôte , notre paroisse est invitée à vivre l’année missionnaire. Etre missionnaire, n’est ce pas avant tout rendre par nos choix, et nos gestes du quotidien l’amour du Christ crédible et visible et cela passe par le service gratuit au frère le plus fragile.
Ce Dieu qui nous rassemble ce matin et nous envoie est bien le Père des orphelins, le défenseur des veuves, celui qui donne une place et qui offre un toit aux frères venus d’ailleurs et qui rend la liberté aux captifs…
A nous, pour nos frères de lui rendre la pareille… Les projets, les invitations tout au long de cette année ne manqueront pas…
Et puisque c'est au cœur d'un repas que Jésus a eu l'occasion de partager ses convictions sur le Royaume de Dieu, accueillons-nous aussi tous ces appels dans ce repas eucharistique où Jésus nous a invités, pour prendre ensemble ce chemin du service et de la fraternité. Amen.