Homélie du P. Gérard REY
Comme nous venons de l’entendre, il y a des jours où la parole de Dieu n’y va pas de main morte ! Je trouve que nous avons de la chance, nous qu'on appelle des « pratiquants » de nous laisser provoquer, chaque dimanche par la Parole de Dieu, une Parole vivante que si elle est confrontée aux événements, aux réalités d'aujourd'hui, devient vraiment bonne nouvelle insérée dans notre vie de tous les jours......
Essayons d’en faire l'expérience avec les textes d’'aujourd'hui...
L'Evangile contient deux messages différents : le premier je l'intitulerais : Personne n’a le monopole de l’Esprit Saint comme cela est annoncé par l'épisode de Moise dans la première lecture : où Eldad et Médad se mettent à prophétiser dans un cadre qui n’est pas prévu. Josué voudrait les arrêter. Mais on ne peut empêcher l’esprit de Dieu de souffler là où il veut. Personne n’en a le monopole Depuis Pentecôte l’Esprit Saint est donné à égalité à tous les croyants qui reçoivent le baptême. L’Esprit souffle, là où il veut. Il intervient aussi dans le cœur de ceux qui sont d’une autre religion et dans celui de tous les hommes de bonne volonté a heureusement rappelé le Concile Vatican II. A quoi le reconnaît-on ? Tout simplement, à leur façon d’agir conforme à la justice, à leur humilité, à l’accueil qu’ils font aux migrants, à l’attention qu’ils portent aux affamés, à leur défense de la dignité de tout homme quelle que soit sa condition… nous rappelle sans cesse le pape François.
Le Christ voudrait nous apprendre à respecter tous ceux qui sont différents de nous. Rappelons-nous que tout geste de partage, de fraternité, de paix, nous met sur le chemin de l’amour de Dieu…. « Celui qui vous donnera un verre d’eau, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. »
L’Evangile d’aujourd’hui nous dit aussi que le chrétien n’a pas non plus le monopole du « bien agir » L’importance est de lutter contre le mal, de libérer l’homme ! Réjouissons-nous que d’autres que nous le fassent aussi, même s’ils n’ont pas l’étiquette catho… Réjouissons-nous l’esprit est partout !
Mais il y a tentation de hiérarchiser les compétences. On a cru longtemps qu’il n’y avait que le pape, les évêques et les prêtres qui pouvaient parler de Dieu d’une manière juste, mais nous voyons aujourd’hui que des chrétiens se sont formés et animent avec compétences et foi, les aumôneries de prison, d’hôpital, de collège, de mouvement, les funérailles, la catéchèse, les préparations aux sacrements etc... Cela demande une véritable collaboration entre diacres, prêtres, laïcs. Dommage que cela ne se vive pas assez dans les responsabilités de gouvernement de notre Eglise à tous les niveaux. Cela aurait pu éviter beaucoup de déviances que nous payons cher aujourd’hui.
Le grand désir de Dieu c’est que ses disciples, restent unis, solidaires des uns et des autres. Dans sa lettre saint Jacques dénonce des contre-témoignages graves. Il s’attaque à ceux qui accumulent pour eux richesses et argent. Il s’en prend à ceux qui n’hésitent pas à exploiter à leur profit les petits. Cette attitude est scandaleuse surtout lorsqu’elle vient de la part des chrétiens….
Et Jésus n’accepte pas ce contre témoignage, Il n’accepte pas que l’on puisse scandaliser et faire tomber un de ces petits. Ces petits, les enfants, les plus faibles, les frères en difficulté, mais aussi tous ses disciples qui le suivent, les humbles, ceux qu’on méprise, les pauvres…Ceux qu’on n’écoute pas, à qui on ne donne jamais la parole y compris dans la communauté des chrétiens » Jésus met alors les croyants en garde : c’est à l’intérieur du groupe chrétien que l’Esprit est parfois bafoué. Et le Christ n’y va pas de main morte, il prend parti pour ces petits... Il invite à se convertir d’une manière radicale pour vivre l’amour fraternel.
C’est le deuxième message de l’Evangile.
Comment comprendre ce message quand Jésus nous parle de couper et de trancher une main, un pied, un œil. Il ne s’agit pas de nous mutiler mais de renoncer à la soif des possessions et à la convoitise. La main qui garde et qui ne partage pas. Le pied qui ne va pas vers les autres. L’œil qui convoite et qui ne voit pas ce qui fait grandir l’autre.
Ce qui nous est demandé c’est de rompre avec tout ce qui nous détourne de l’amour de Dieu. Ce que le Seigneur attend de nous, c’est un véritable retournement : que notre main soit toujours tendue vers Dieu et vers les autres, que nos pieds marchent à la suite de Jésus, que nos yeux voient les autres avec le regard même de Dieu, un regard plein d’amour et de tendresse.
Nous qui sommes en chemin vers une nouvelle paroisse la Parole de Dieu nous invite non pas un changement de structures mais à changer notre regard sur les autres et sur le monde, pour vivre des relations fraternelles entre croyants dans nos communautés, oui mais pour accueillir et aller à la rencontre des frères en difficultés, des frères différents dans leur manière de vivre, de croire, de penser….
Sur ce chemin, une seule certitude : Jésus nous accompagne et nous guide pour changer notre regard et accueillir son amour…Ouvrons-nous à sa Parole, parole percutante et bien vivante pour aujourd’hui et surtout n’oublions pas ce que nous dit St Exupéry. « L’essentiel est invisible aux yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur » Laissons l’Esprit souffler où il veut, et d’abord en nous… Amen