Homélie du 8 et 9 Septembre 2018


En chemin vers une seule paroisse


Jésus vient de Tyr et Sidon, c’est le sud du Liban actuel, et se rend dans la Décapole, la région
de dix villes au-delà du Jourdain, c'est-à-dire une partie de la Syrie d’aujourd’hui. Nous
sommes au coeur de ces pays massacrés par les conflits internationaux. En ce temps là une
terre païenne, un territoire étranger , en dehors de la terre d’Israël : si un juif va y faire des
guérisons c’est un signe que l’amour et le salut de Dieu n’est pas réservé à quelques uns ,
mais ouvert à tous quelle que soit leur nationalité, leur situation… 
Et si nous relisions notre démarrage d’année à la lumière de cet Evangile, que nous soyons de la paroisse de Sainte Clotilde ou de Saint Jean sur Onzon nous sommes en chemin vers une seule paroisse.

On amène à Jésus un sourd muet et on le prie de poser la main sur lui. Nous retrouvons là
quelque chose du conflit relaté dans l’Evangile de dimanche dernier : en touchant un
étranger et un handicapé on se rend impur selon la loi, selon les règles rituelles, le handicap
étant associé au péché dans la mentalité de l’époque. Jésus va prendre cet homme à l’écart
de la foule : il le sort ainsi délicatement de l’anonymat et manifeste son attention au malade.
Celui-ci n’est pas « un cas » parmi d’autres. Ensuite il le touche là où il est fragilisé : les oreilles et la langue. Il dit simplement « Effata =Ouvre-toi », l’homme est guéri et les témoins sont invités à ne le dire à personne. Mais voilà, la nouvelle se répand vite et les gens s’émerveillent.
Que retenir de ce récit évangélique ?
D’abord sans doute ce que le pape François ne cesse de répéter et de montrer le souci des
faibles et de ceux qui sont en dehors de nos circuits habituels. Il faut sortir des murs de nos
églises et ne pas avoir peur de franchir les frontières de notre confort - y compris spirituel -
pour nous ouvrir aux malades de notre société. Nous vivons dans un monde de plus en plus
païen, sans Dieu, où les victimes des guerres économiques côtoient les victimes des conflits
armés. Un monde où l’économie semble s’opposer à l’écologie et à l’humain .Ce n’est pas une
raison pour désespérer et se lamenter. Aux pires moments de la captivité d’Israël, le prophète
annonce la revanche de Dieu, qui vient lui-même sauver les gens qui s’affolent et leur rendre
espoir. Le psaume mérite ici d’être cité tout entier : le Seigneur fait justice aux opprimés, il
délie les enchainés, il ouvre les yeux des aveugles, il redresse les accablés, il protège
l’étranger…
Se mettre en chemin vers une seule paroisse c’est continuer à se sentir responsables et aller à
la rencontre des plus fragiles, des personnes malades ou sur le bord du chemin… Le service
du frère, l’accueil des migrants, sera une priorité de la nouvelle paroisse….j’étais étranger et
vous m’avez accueilli, j’étais malade et vous m’avez visité …
Et nous, avons-nous assez confiance dans le Seigneur pour rejoindre les personnes dans la
détresse et les confier à sa miséricorde ?


La lettre de Saint Jacques quant à elle s’intéresse à ce qui se passe à l’intérieur de l’Eglise, à
ne pas faire de différence entre les personnes et à ne pas juger selon de faux critères.

Quelle place, réservons nous au propre comme au figuré, à celui qui porte des vêtements rutilants et
au pauvre mal vêtu. Attention à ne pas devenir un club fermé avec plein de principes. « Ici on
a toujours fait comme cela »… Il y a souvent peu de jeunes ou de jeunes familles
habituellement dans nos assemblées et s’ils viennent comment sont-ils reçus, accueillis ?...
Et pourtant, la vie paroissiale accorde tant d’importance à la famille dans ses propositions de
catéchèse familiale et de rencontres intergénérationnelles avec le dimanche autrement. « La
communauté paroissiale est comme une famille. Les rassemblements proposés, eucharistie,
temps de prière , vie d’équipe sont des lieux de ressourcement chacun venant puiser à la
source pour ensuite continuer son chemin, aller à la rencontre des copains d’école, des
hommes et femmes sur son quartier, son lieu de travail , dans la vie associative » écrivent
Elisabeth Pavy et Cécile Corciulo dans l’Edito du Bulletin paroissial de ce mois de Septembre…
Prier, célébrer avec toutes les générations, s’accueillir différents, vivre nos responsabilités en
équipe, bâtir et vivre des communautés fraternelles proche de la vie des gens, pour aller à
la rencontre des autres c’est continuer le chemin vers une seule paroisse…

Certes Jésus n’a pas rencontré tous les étrangers, il n’a pas guéri tous les malades, mais il a
été très attentif à ceux qu’on lui amenait et qu’il rencontrait sur la route. Quand il prend
discrètement le sourd muet à l’écart pour le toucher et lui parler, il montre son respect infini
de chaque personne humaine. Il ne s’agit pas pour nous, de guérir ou de convertir tout le
monde mais d’être attentifs à chacun… Chacun est précieux, chacun et tous ont leur place
sur ce chemin vers une seule paroisse.

Enfin les gens autour de Jésus disaient. « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les
sourds et parler les muets » .Nous sommes ici et maintenant
autour de Jésus pour célébrer l’Eucharistie. A chacun de nous ne dit-il pas comme au jour de notre baptême « Effata ! » ? Ouvre toi à ma Parole, ouvre-toi aux appels que je t’adresse par les autres. Ouvre tes oreilles pour l’écouter. Ouvre ta langue pour la communiquer ! Ouvre-toi, décidément cette parole est dangereuse, car elle nous invite à nous convertir, sortir de nos habitudes pour ne pas nous enfermer dans nos manières de voir, de penser, vivre autrement, mais quelle parole évangélique!...

Alors, en chemin vers une seule paroisse oserons-nous nous aventurer en terre païenne ?

Nous n’y allons pas seuls, Jésus nous précède et nous accompagne. Amen