Dans toutes les familles, il y a parfois des
disputes et des incompréhensions. Dans tous les groupes, les
communautés, les équipes de paroisse, il y a des désaccords et des
tensions. Même quand on s'aime bien !
Ce
n'est pas nouveau, dès qu'elle s'est constituée l’Église
de Jésus Christ a été confrontée à ce problème. En écoutant
l’Évangile
d'aujourd'hui, nous pouvons comprendre que dans la communauté de
Matthieu, il y avait des tensions, certains voulaient les meilleures
places, d'autres semblaient quitter la communauté.
En
effet, dés le début du chapitre 18 qui nous parle de la vie à
l'intérieur de la communauté chrétienne se pose la question de qui
est le plus grand ? Et Jésus répond en plaçant un enfant au milieu
d'eux « Faites-vous petits sinon vous n'entrerez pas dans le
Royaume des Cieux », et il leur recommande vivement de ne faire
tomber aucun de ces petits, puis vient le texte de la brebis égarée
et enfin c'est l'évangile d'aujourd'hui.
Un
homme, probablement un petit vient de commettre une faute grave. Dans
la communauté juive, c'était simple, c'était l'exclusion. Jésus
leur dit, chez vous ça ne doit pas se passer comme cela. Vous ne
l'exclurez pas. Et Jésus va plus loin, c'est chacun qui est
responsable de lui. Va le trouver. C'est pas facile. Tu aimerais
mieux laisser faire. C'est à toi de prendre l'initiative. Il se peut
que ça ne marche pas, et bien n'abandonne pas. Essayez à plusieurs,
à 2, à 3, et si ça ne va pas débrouillez vous pour que toute la
communauté fasse son possible.
En
fait, ce que Jésus désire c'est une communauté où nous soyons
responsables les uns
et les
autres.
Et
ces points de repère pédagogiques que Jésus donne à ses
disciples, vous l'avez bien sûr compris, ce ne sont pas des
recettes pour résoudre un conflit mais ils nous concernent tous,
parce qu'ils nous invitent à aimer et non pas à juger. . Nous
savons tous combien il est difficile de faire le premier pas pour
aller trouver quelqu'un avec qui on est en désaccord. Comme me
l’exprimait une personne pendant mes vacances, parfois nous
écoutons seulement ce qui va dans notre sens mais pour ramener
l’autre à nos idées. Aller vers l’autre pour faire la vérité
exige au contraire beaucoup d’amour, de courage et d’humilité,
un esprit ouvert qui laisse à l’autre toute sa liberté. Seul le
Christ peut nous donner ce courage et nous inspirer la manière de
faire si nous le portons dans la foi, dans la prière. Bernadette
Soubirou disait devant ses juges « Je suis chargée de
vous le dire, pas de vous le faire croire ». A chacun de
décider s’il veut changer de vie… St Paul dans la 2ème
lecture nous rappelle que c’est l’amour qui doit être au cœur
de nos relations humaines.
Et
pourtant dans l’Évangile
d’aujourd’hui des paroles de Jésus semblent dire le contraire,
« S’il refuse encore d’écouter l’Église,
considère-le comme un païen et un publicain ». On a
l'impression que la communauté se transforme en tribunal qui
condamner et exclut. Alors, que demande Jésus lorsqu'il dit "
considérer ce frère comme un païen et un publicain" ?
Certainement pas le considérer comme quelqu'un avec qui il n'y a
plus rien à faire ! Jésus, pendant sa vie, s'est trop mêlé
avec les pêcheurs et les publicains pour les condamner. Il s’agit
donc, à la lumière de l’Évangile
et tout en respectant la liberté de chacun, de laisser la porte de
l'accueil, du pardon réciproque toujours ouverte par le Christ. Si
nous aimons quelqu'un, nous ne pouvons pas simplement critiquer ou
dans l'indifférence le laisser faire, le laisser s'enfoncer.
La
société nous habitue davantage au chacun pour soi "occupe-toi
de tes affaires, ne te mêle pas des miennes", « c'est ta
vie, fais ce que tu voudras, c'est pas mon problème ». Et la
foi elle même est considérée comme une affaire privée.
C'est
là que Jésus vient nous dire " Vous
êtes responsables les uns des autres"
car la communauté qu'il a fondée ce n'est pas une association de
membres juxtaposés, indépendant les uns des autres, c'est un corps
où chaque membre, chaque groupe est responsable des autres. Ce qui
est étonnant, en effet, c'est que Jésus confie à tous les
disciples, à tous les membres de la communauté la responsabilité
de " lier ou de délier " , c'est à dire, la
responsabilité de s'accompagner mutuellement sur chemin de la
libération et du pardon. Et cette responsabilité nous ne pouvons la
vivre que dans un esprit de service.
Je
voudrais aussi souligner le mot clef de cet Évangile,
ce mot c'est le premier: ton
Frère. Et si Jésus
nous demande tant pour être responsable les uns des autres, c'est
parce que celui pour qui ça ne va pas c'est un Frère. Agir avec
lui, comme avec un Frère, ce n'est pas une question de morale, mais
c'est mieux découvrir que nous avons un même Père, celui de Jésus.
Être
responsable du frère, c’est ce que nous rappelle sans cesse le
pape François en nous invitant à aller aux périphéries…..Et si
cette année nous nous appliquions davantage à vivre des relations
plus fraternelles, bien sur dans notre vie de tous les jours, en
commençant par notre propre famille , dans une association ou un
mouvement , mais aussi au sein de notre communauté chrétienne. En
cette rentrée 2017, au moment où reprennent toutes nos activités,
au moment où il y a des changements dans nos paroisses Saint Jean
sur Onzon et Sainte Clotilde pour mieux nous connaître, mutualiser
nos différents groupes, en un mot pour mieux vivre la mission,
encourageons-nous les uns et les autres à entrer dans cette
responsabilité mutuelle qui nous met sur le chemin de l' Écoute,
du Partage, de la confiance, de la conversion.
Merci
Seigneur de nous accompagner sur ce chemin. Toi seul peux nous
apprendre à nous Aimer et à aimer le Frère qui s'est égaré. Ou
qui est rejeté. Amen