Homélie 9 / 10 Septembre 2017

Dans toutes les familles, il y a parfois des disputes et des incompréhensions. Dans tous les groupes, les communautés, les équipes de paroisse, il y a des désaccords et des tensions. Même quand on s'aime bien !

Ce n'est pas nouveau, dès qu'elle s'est constituée l’Église de Jésus Christ a été confrontée à ce problème. En écoutant l’Évangile d'aujourd'hui, nous pouvons comprendre que dans la communauté de Matthieu, il y avait des tensions, certains voulaient les meilleures places, d'autres semblaient quitter la communauté.
En effet, dés le début du chapitre 18 qui nous parle de la vie à l'intérieur de la communauté chrétienne se pose la question de qui est le plus grand ? Et Jésus répond en plaçant un enfant au milieu d'eux « Faites-vous petits sinon vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux », et il leur recommande vivement de ne faire tomber aucun de ces petits, puis vient le texte de la brebis égarée et enfin c'est l'évangile d'aujourd'hui.

Un homme, probablement un petit vient de commettre une faute grave. Dans la communauté juive, c'était simple, c'était l'exclusion. Jésus leur dit, chez vous ça ne doit pas se passer comme cela. Vous ne l'exclurez pas. Et Jésus va plus loin, c'est chacun qui est responsable de lui. Va le trouver. C'est pas facile. Tu aimerais mieux laisser faire. C'est à toi de prendre l'initiative. Il se peut que ça ne marche pas, et bien n'abandonne pas. Essayez à plusieurs, à 2, à 3, et si ça ne va pas débrouillez vous pour que toute la communauté fasse son possible.

En fait, ce que Jésus désire c'est une communauté où nous soyons responsables les uns et les autres.

Et ces points de repère pédagogiques que Jésus donne à ses disciples, vous l'avez bien sûr compris, ce ne sont pas des recettes pour résoudre un conflit mais ils nous concernent tous, parce qu'ils nous invitent à aimer et non pas à juger. . Nous savons tous combien il est difficile de faire le premier pas pour aller trouver quelqu'un avec qui on est en désaccord. Comme me l’exprimait une personne pendant mes vacances, parfois nous écoutons seulement ce qui va dans notre sens mais pour ramener l’autre à nos idées. Aller vers l’autre pour faire la vérité exige au contraire beaucoup d’amour, de courage et d’humilité, un esprit ouvert qui laisse à l’autre toute sa liberté. Seul le Christ peut nous donner ce courage et nous inspirer la manière de faire si nous le portons dans la foi, dans la prière. Bernadette Soubirou disait devant ses juges « Je suis chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire ». A chacun de décider s’il veut changer de vie… St Paul dans la 2ème lecture nous rappelle que c’est l’amour qui doit être au cœur de nos relations humaines.

Et pourtant dans l’Évangile d’aujourd’hui des paroles de Jésus semblent dire le contraire,  « S’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain ». On a l'impression que la communauté se transforme en tribunal qui condamner et exclut. Alors, que demande Jésus lorsqu'il dit " considérer ce frère comme un païen et un publicain" ? Certainement pas le considérer comme quelqu'un avec qui il n'y a plus rien à faire ! Jésus, pendant sa vie, s'est trop mêlé avec les pêcheurs et les publicains pour les condamner. Il s’agit donc, à la lumière de l’Évangile et tout en respectant la liberté de chacun, de laisser la porte de l'accueil, du pardon réciproque toujours ouverte par le Christ. Si nous aimons quelqu'un, nous ne pouvons pas simplement critiquer ou dans l'indifférence le laisser faire, le laisser s'enfoncer.

La société nous habitue davantage au chacun pour soi "occupe-toi de tes affaires, ne te mêle pas des miennes", « c'est ta vie, fais ce que tu voudras, c'est pas mon problème ». Et la foi elle même est considérée comme une affaire privée.

C'est là que Jésus vient nous dire " Vous êtes responsables les uns des autres" car la communauté qu'il a fondée ce n'est pas une association de membres juxtaposés, indépendant les uns des autres, c'est un corps où chaque membre, chaque groupe est responsable des autres. Ce qui est étonnant, en effet, c'est que Jésus confie à tous les disciples, à tous les membres de la communauté la responsabilité de " lier ou de délier " , c'est à dire, la responsabilité de s'accompagner mutuellement sur chemin de la libération et du pardon. Et cette responsabilité nous ne pouvons la vivre que dans un esprit de service.

Je voudrais aussi souligner le mot clef de cet Évangile, ce mot c'est le premier: ton Frère. Et si Jésus nous demande tant pour être responsable les uns des autres, c'est parce que celui pour qui ça ne va pas c'est un Frère. Agir avec lui, comme avec un Frère, ce n'est pas une question de morale, mais c'est mieux découvrir que nous avons un même Père, celui de Jésus.

Être responsable du frère, c’est ce que nous rappelle sans cesse le pape François en nous invitant à aller aux périphéries…..Et si cette année nous nous appliquions davantage à vivre des relations plus fraternelles, bien sur dans notre vie de tous les jours, en commençant par notre propre famille , dans une association ou un mouvement , mais aussi au sein de notre communauté chrétienne. En cette rentrée 2017, au moment où reprennent toutes nos activités, au moment où il y a des changements dans nos paroisses Saint Jean sur Onzon et Sainte Clotilde pour mieux nous connaître, mutualiser nos différents groupes, en un mot pour mieux vivre la mission, encourageons-nous les uns et les autres à entrer dans cette responsabilité mutuelle qui nous met sur le chemin de l' Écoute, du Partage, de la confiance, de la conversion.

Merci Seigneur de nous accompagner sur ce chemin. Toi seul peux nous apprendre à nous Aimer et à aimer le Frère qui s'est égaré. Ou qui est rejeté. Amen